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LETTRE QUATORZIÈME.


Pétersbourg, ce 22 juillet 1839.

La population de Pétersbourg est de quatre cent cinquante mille âmes sans la garnison, à ce que disent les Russes bons patriotes ; mais des gens bien informés et qui, conséquemment, passent ici pour malintentionnés, m’assurent qu’elle n’atteint pas à quatre cent mille, y compris la garnison. Ce qu’il y a de certain, c’est que cette ville de palais, avec ses immenses espaces vides qu’on appelle des places, ressemble à des parties de champs clos de planches. Les petites maisons de bois dominent dans les quartiers éloignés du centre.

Les Russes, sortis d’une agglomération de peuplades longtemps nomades et toujours guerrières, n’ont pas encore complétement oublié la vie du bivouac. Tous les peuples fraîchement arrivés de l’Asie campent en Europe comme les Turcs. Pétersbourg est l’état-major d’une armée et non la capitale d’une nation. Toute magnifique qu’est cette ville militaire, elle paraît nue à l’œil d’un homme de l’Occident.

Les distances sont le fléau de la Russie, m’a dit