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« L’émeute apaisée, Sire, Votre Majesté a dû rentrer au palais dans une disposition bien différente de celle où elle était avant d’en sortir, car elle venait de s’assurer, avec le trône, l’admiration du monde et la sympathie de toutes les âmes élevées.

— Je ne le croyais pas ; on a beaucoup trop vanté ce que j’ai fait alors. »

L’Empereur ne me dit pas qu’en revenant auprès de sa femme, il la retrouva atteinte d’un tremblement de la tête, maladie nerveuse dont elle n’a jamais pu se guérir entièrement. Cette convulsion est à peine sensible ; mais elle ne l’est pas du tout les jours où l’Impératrice est calme et en bonne santé ; mais dès qu’elle souffre moralement ou physiquement, le mal revient et il augmente. Il faut que cette noble femme ait bien lutté contre l’inquiétude pendant que son mari s’exposait si audacieusement aux coups des assassins. En le voyant reparaître, elle l’embrassa sans parler ; mais l’Empereur, après l’avoir rassurée, se sentit faiblir à son tour ; redevenu homme un instant, il se jeta dans les bras d’un de ses plus fidèles serviteurs qui se trouvait présent à cette scène, et s’écria : Quel commencement de règne ! »

Je publierai ces détails ; il est bon de les faire connaître pour apprendre aux hommes obscurs à moins envier la fortune des grands.