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Le jour où Nicolas parvint au trône fut celui où la rébellion éclata dans la garde ; à la première nouvelle de la révolte des troupes, l’Empereur et l’Impératrice descendirent seuls dans leur chapelle, et là, tombant à genoux sur les degrés de l’autel, ils se jurèrent l’un à l’autre, devant Dieu, de mourir en souverains s’ils ne pouvaient triompher de l’émeute.

L’Empereur jugeait le mal sérieux, car il venait d’apprendre que l’archevêque avait déjà tenté en vain d’apaiser les soldats. En Russie, lorsque le pouvoir religieux échoue, le désordre est redoutable.

Après avoir fait le signe de la croix, l’Empereur partit pour aller maîtriser les rebelles par sa seule présence et par l’énergie calme de sa physionomie. Il m’a raconté lui-même cette scène en des termes plus modestes que ceux dont je viens de me servir ; malheureusement j’ai oublié la première partie de son récit, parce qu’au premier abord je fus un peu troublé du tour inattendu que prenait notre conversation ; je vais la reprendre au moment dont le souvenir m’est présent.

« Sire, Votre Majesté avait puisé sa force à la vraie source.

— J’ignorais ce que j’allais faire et dire, j’ai été inspiré.

— Pour avoir de pareilles inspirations, il faut les mériter.