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térature française à la cour de l’Empereur Nicolas m’épouvante pour la grande-duchesse Hélène.

La lumière des groupes de lampions se reflétait d’une manière pittoresque sur les colonnes du palais et jusque sur les arbres du jardin ; il était rempli de peuple. Dans les fêtes de Pétersbourg, le peuple sert d’ornement, comme une collection de plantes rares embellit une serre chaude. Du fond des massifs plusieurs orchestres exécutaient des symphonies militaires et se répondaient au loin avec une harmonie admirable. Des groupes d’arbres illuminés à feux couverts produisaient un effet charmant : rien n’est fantastique comme la verdure éclairée pendant une belle nuit.

L’intérieur de la grande galerie où l’on dansait était tapissé avec un luxe merveilleux ; quinze cents caisses et pots de fleurs des plus rares formaient un bosquet odorant. On voyait à l’une des extrémités de la salle, au plus épais d’un taillis de plantes exotiques, un bassin d’eau fraîche et limpide d’où jaillissait une gerbe sans cesse renaissante. Ces jets d’eau, éclairés par des faisceaux de bougies, brillaient comme une poussière de diamants et rafraîchissaient l’air toujours agité par d’énormes branches de palmiers humides de pluie et de bananiers luisants de rosée, dont le vent de la valse secouait les perles sur la mousse du bosquet odorant. On aurait dit que toutes ces plantes