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avec l’or des habits militaires : et les danseurs n’ont pas l’air d’être les clercs de procureur de leurs danseuses.

La façade extérieure du palais Michel, du côté du jardin, est ornée dans toute sa longueur d’un portique à l’italienne. Hier, on avait profité d’une chaleur de 26 degrés pour illuminer les entre-colonnements de cette galerie extérieure par des groupes de lampions d’un effet original. Ces lampions étaient de papier, et ils avaient la forme de tulipes, de lyres, de vases… C’était élégant et nouveau.

À chaque fête que donne la grande-duchesse Hélène, elle imagine, m’a-t-on dit, quelque chose d’inconnu ailleurs ; une telle réputation doit lui peser, car elle est difficile à soutenir. Aussi cette princesse si belle, si spirituelle, et qui est célèbre en Europe par la grâce de ses manières et l’intérêt de sa conversation, m’a-t-elle paru moins naturelle et plus contrainte que les autres femmes de la famille Impériale. C’est un lourd fardeau à porter dans une cour que le renom d’une femme bel esprit. Celle-ci est une personne élégante, distinguée, mais elle a l’air de s’ennuyer : peut-être eût-elle vécu plus heureuse, si, née avec du bon sens, peu d’esprit et point d’instruction, elle fût restée une princesse allemande renfermée dans le cercle monotone des événements d’une petite souveraineté. L’obligation de faire les honneurs de la lit-