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me cherchaient par ordre m’aperçurent enfin dans ma cachette, et se hâtèrent de me mener près de l’Impératrice qui m’attendait. Elle eut la bonté de me dire devant toute la cour : « M. de Custine, il y a bien longtemps que je vous demande, pourquoi me fuyez vous ?

— Madame, je me suis placé deux fois sur le pas sage de Votre Majesté, elle ne m’a pas vu.

— C’est votre faute, car je vous cherchais depuis que je suis rentrée dans la salle de bal. Je tiens à ce que vous voyiez ici toutes choses en détail, afin que vous emportiez de la Russie une opinion qui puisse rectifier celle des sots et des méchants.

— Madame, je suis loin de m’attribuer ce pouvoir ; mais si mes impressions étaient communicatives, bientôt la France regarderait la Russie comme le pays des fées.

— Il ne faut pas vous en tenir aux apparences, vous devez juger du fond des choses, car vous avez tout ce qu’il faut pour cela. Adieu, je ne voulais que vous dire bonsoir, la chaleur me fatigue ; n’oubliez pas de vous faire montrer dans le plus grand détail mes nouveaux appartements, ils ont été refaits sur les idées de l’Empereur. Je donnerai des ordres pour qu’on vous fasse tout voir. »

En sortant elle me laissa l’objet de la curiosité générale et de la bienveillance apparente des assistants.