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Ainsi, le patriotisme si éclairé du père et du fils, leur dévouement si pur à la cause de la liberté, reçut la même récompense.

C’est la correspondance diplomatique de mon père, à l’époque de son intéressante mission près de la cour de Berlin, que notre ministre actuel près de la même cour a bien voulu me laisser lire hier.

Rien n’est plus noble, plus simple que ces lettres ; ce sont des modèles de style diplomatique, des chefs-d’œuvre d’exposition et de raisonnement. Ce sont aussi de dignes exemples de prudence et de courage. On y voit l’Europe, on y voit la France, entraînées l’une contre l’autre, se heurter et se méconnaître ; on y voit le désordre croissant, malgré les remèdes proposés par quelques hommes sages et qui vont périr sans fruit, victimes de leur courageuse modération. La maturité d’esprit, la douceur et la force de caractère, la solidité d’instruction, la justesse de vues, la clarté d’idées, la force d’âme qu’elles supposent, sont surprenantes quand on pense à l’âge de celui qui les écrivit, et qu’on se rappelle qu’à cette époque le talent appartenait à l’âge mûr, à l’expérience ; l’enfance n’était pas encore émancipée.

M. de Noailles, qui remplissait alors la charge d’ambassadeur de France à Vienne, et qui envoyait sa démission au malheureux Louis XVI, écrivit à mon père pour l’instruire du parti qu’il prenait. Ses