Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.

peut empêcher l’homme mystérieux d’arriver en même temps que lui à sa porte, et de disparaître aussitôt en jetant sous ses pieds, au moment où cette porte s’ouvre, un rouleau de papiers assez gros. M. de Ségur, avant de ramasser l’écrit, fait courir plusieurs de ses gens après l’inconnu ; personne ne peut le retrouver.

Le rouleau de papiers était le projet du traité de Pilnitz, copié mot à mot dans le cabinet même du roi de Prusse ; et voilà comment la France, servie par des esprits secrètement convertis à ses doctrines nouvelles, reçut la première communication de cet acte devenu bientôt célèbre dans le monde entier.

Des circonstances plus fortes que le talent et que la volonté des hommes devaient rendre inutiles les nouvelles tentatives de mon père auprès du cabinet de Berlin ; mais, malgré le peu de succès de ses négociations, il obtint l’estime et même l’amitié de toutes les personnes avec lesquelles les affaires le mirent en relation, sans excepter le roi et les ministres, qui le dédommagèrent personnellement du peu de fruit de sa mission politique.

Le souvenir du tact parfait avec lequel mon père se tira des difficultés qui l’attendaient à Berlin n’est pas encore effacé dans ce pays. Arrivant à la cour de Prusse comme ministre du gouvernement français d’alors, il y trouva sa belle-mère, madame de Sabran,