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de la religion reprendra ses droits ; la créature douée d’immortalité ne se contentera pas toujours de l’empire de la terre, et les populations les plus aptes à goûter les plaisirs de l’art seront aussi les premières à comprendre les nouvelles preuves des révélations du ciel. Il est donc juste de convenir que le gouvernement prussien prépare dignement ses sujets à jouer un rôle dans la rénovation religieuse qui s’avance, et qui déjà s’annonce au monde par des signes irrécusables.

La Prusse sentira bientôt l’insuffisance de ses philosophies pour donner la paix aux âmes. En attendant ce glorieux avenir, la ville de Berlin appartient aujourd’hui au pays le moins philosophique du monde, à la Russie ; et cependant les peuples de l’Allemagne, séduits par une administration habile, tournent leurs regards vers la Prusse. Ils croient que c’est de ce côté que leur viendront les institutions libérales, que beaucoup d’hommes confondent encore avec les conquêtes de l’industrie, comme si luxe et liberté, richesse et indépendance, plaisir et vertu, étaient synonymes !

Le défaut capital du peuple allemand, personnifié dans Luther, c’est le penchant aux jouissances physiques : de notre temps, rien ne combat ce penchant, et tout contribue à l’accroître. Ainsi, sacrifiant sa dignité, peut-être son indépendance, au stérile espoir