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siens un juste sujet d’orgueil. Leurs écoles rurales sont dirigées consciencieusement et très-exactement surveillées. On emploie dans chaque village la musique comme moyen de civilisation et en même temps de divertissement pour le peuple : il n’y a pas une église qui ne possède un orgue, et dans chaque paroisse, le maître d’école sait la musique. Le dimanche, il enseigne le chant aux paysans, qu’il accompagne sur l’orgue ; ainsi, le moindre village peut entendre exécuter les chefs-d’œuvre de la vieille école italienne et allemande. Il n’est pas de morceau de chant ancien et sévère qui soit écrit à plus de quatre parties : quel est le magister qui ne pourra trouver autour de lui une basse, un ténor et deux enfants, premier et second dessus, pour chanter ces morceaux ! Chaque maître d’école, en Prusse, est un Choron, un Wilhem rustique[1]. Ce concert champêtre entretient le goût de la musique, balance l’attrait du cabaret, et prépare l’imagination des peuples à recevoir l’enseignement religieux. Celui-ci est dégénéré chez les protestants en un cours de morale pratique ; mais le temps n’est pas loin où la partie surnaturelle

  1. Ne se trouvera-t-il pas en France un certain nombre d’hommes qui se consacreraient à reproduire chez nous cette salutaire institution fondée depuis longtemps en Prusse, et qui étendraient dans le pays entier les bienfaits de l’art le plus favorable à la civilisation ? Wilhem a réalisé ce plan pour les ouvriers de Paris : n’aura-t-il pas d’imitateurs en province ?