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compare au médecin interrogeant le pouls d’un homme pour connaître sa force : les fleuves sont les artères de notre planète, et devant cette manifestation de la vie universelle, je demeure frappé d’admiration ; je me sens en présence de mon maître : je vois l’éternité, je crois, je touche à l’infini ; il y a là un mystère sublime ; dans la nature, ce que je ne comprends plus, je l’admire, et mon ignorance se réfugie dans l’adoration. Voilà pourquoi la science m’est moins nécessaire qu’elle ne l’est aux esprits mécontents.

Nous mourons de chaud, à la lettre : il y a bien des années que l’air toujours étouffant de la vallée d’Ems n’est monté à cette température ; la nuit dernière, en revenant des bords du Rhin, j’ai vu dans les bois une pluie de mouches lumineuses ; c’étaient mes chers luccioli d’Italie : je n’en avais jamais rencontré hors des pays chauds.

Je pars dans deux jours pour Berlin et Pétersbourg.


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