Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/396

Cette page a été validée par deux contributeurs.

toute simple. La plus habituelle me paraît toujours la sévérité. Une autre expression, quoique plus rare, convient peut-être mieux encore à cette belle figure, c’est la solennité ; une troisième, c’est la politesse, et dans celle-ci se glissent quelques nuances de grâce qui tempèrent le froid étonnement causé d’abord par les deux autres. Mais, malgré cette grâce, quelque chose nuit à l’influence morale de l’homme, c’est que chacune de ces physionomies qui se succèdent arbitrairement sur la figure est prise ou quittée complétement, et sans qu’aucune trace de celle qui disparaît reste pour modifier l’expression nouvelle. C’est un changement de décoration à vue et que nulle transition ne prépare ; on dirait d’un masque qu’on met et qu’on dépose à volonté. N’allez pas vous méprendre au sens que je donne ici au mot de masque ; je l’emploie selon l’étymologie. En grec, hypocrite voulait dire acteur ; l’hypocrite était un homme qui se masquait pour jouer la comédie. Je veux donc dire que l’Empereur est toujours dans son rôle, et qu’il le remplit en grand acteur

Hypocrite ou comédien sont des mots malsonnants, surtout dans la bouche d’un homme qui prétend être impartial et respectueux. Mais il me semble que pour des lecteurs intelligents, les seuls auxquels je m’adresse, les paroles ne sont rien en elles-mêmes, et que la valeur des expressions dépend du sens qu’on