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est terminé en demi-cercle et clos par des bâtiments où l’on a établi plusieurs ministères : ces édifices sont pour la plupart construits dans le style grec antique. Singulier goût !… des temples élevés à des commis ! Le long de la même place se trouvent les bâtiments de l’Amirauté : ceux-ci sont pittoresques, leurs petites colonnes, leurs aiguilles dorées, leurs chapelles font un bon effet. Une allée d’arbres orne la place en cet endroit et la rend moins monotone. Vers l’une des extrémités de ce champ immense, du côté opposé à la colonne d’Alexandre, s’élève l’église de Saint-Isaac, avec son péristyle colossal, et sa coupole d’airain encore à moitié cachée sous les échafaudages de l’architecte ; plus loin on voit le palais du Sénat et d’autres édifices toujours en forme de temples païens, quoiqu’ils servent d’habitation au ministre de la guerre ; puis dans un angle avancé que forme cette longue place, à son extrémité vers la Néva, on voit, ou du moins on cherche à voir la statue de Pierre le Grand, supportée par son rocher de granit qui disparaît dans l’immensité comme un caillou sur la grève. La statue du héros a été rendue trop fameuse par l’orgueil charlatan de la femme qui la fit ériger : cette statue est bien au-dessous de sa réputation. Avec les édifices que je viens de vous nommer, il y aurait de quoi bâtir une ville entière, et pourtant ils ne meublent pas la grande place de Pétersbourg : c’est une