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venir précieux pour tous deux, mais surtout pour le fils d’Eugène Beauharnais. C’est le talisman arabe que M. de Beauharnais, le père du vice-roi d’Italie et le grand-père du duc de Leuchtenberg, a donné à ma mère en passant devant la chambre qu’elle habitait aux Carmes, au moment où il partait pour l’échafaud.

La cérémonie religieuse terminée dans la chapelle grecque devait être suivie d’une seconde bénédiction nuptiale par un prêtre catholique dans une des salles du palais, consacrée, pour aujourd’hui seulement, à ce pieux usage. Après ces deux mariages, les époux et leur famille devaient se mettre à table ; moi, n’ayant la permission d’assister ni au mariage catholique, ni au banquet, je suivis le gros de la cour et je sortis pour venir respirer un air moins étouffant en me félicitant du peu d’effet qu’avait produit ma botte emportée. Pourtant quelques personnes m’en ont parlé en riant, voilà tout. En bien comme en mal, rien de ce qui ne regarde que nous-mêmes n’est aussi important que nous le pensons.

Au lieu de me reposer je vous écris. Voilà comme je vis en voyage.

Au sortir du palais j’ai retrouvé ma voiture sans peine ; je vous le répète, il n’y a de grande affluence nulle part en Russie ; l’espace y est toujours trop vaste pour ce qu’on y fait : c’est l’avantage d’un pays