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tête est blanchie par l’âge ; il a l’air fatigué, malade ; un prêtre vieux et faible ne peut être ignoble. À la fin de la cérémonie, l’Empereur est venu s’incliner devant lui et lui baiser la main avec respect. Jamais l’Autocrate ne manque une occasion de donner l’exemple de la soumission, quand cet exemple peut lui profiter. J’admirais ce pauvre archevêque qui paraissait mourant au milieu de sa gloire, cet Empereur à la taille majestueuse, au visage noble, qui s’abaissait devant le pouvoir religieux : et plus loin, les deux jeunes époux, la famille, la foule, enfin toute la cour qui remplissait et animait la chapelle : il y avait là le sujet d’un tableau.

Avant la cérémonie, je crus que l’archevêque allait tomber en défaillance ; la cour l’avait fait attendre longtemps au mépris du mot de Louis XVIII : « l’exactitude est la politesse des rois. »

Malgré l’expression rusée de sa physionomie, ce vieillard m’inspirait de la pitié à défaut de respect : il était si débile, il soutenait la fatigue avec tant de patience que je le plaignais. Qu’importe que cette patience fût puisée dans la piété ou dans l’ambition ? elle était cruellement éprouvée.

Quant à la figure du jeune duc de Leuchtenberg, j’avais beau faire effort pour m’habituer à elle, elle ne me plaisait pas plus à la fin de la cérémonie qu’au commencement. Ce jeune homme a une belle tournure