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phe des prêtres. J’étais ému : la musique peut faire tout oublier pour un moment, même le despotisme.

Je ne puis comparer ces chœurs sans accompagnement qu’aux Miserere de la semaine sainte dans la chapelle Sixtine à Rome, excepté que la chapelle du pape n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était jadis. C’est une ruine de plus dans les ruines de Rome.

Au milieu du siècle dernier, à l’époque où l’école italienne brillait de tout son éclat, les vieux chants grecs furent refondus, sans être gâtés, par des compositeurs venus tout exprès de Rome à Pétersbourg ; ces étrangers produisirent un chef-d’œuvre, parce que tout leur esprit et toute leur science furent appliqués à respecter l’œuvre de l’antiquité. Leur travail est devenu une composition classique, et l’exécution est digne de la conception : les voix de soprano, c’est-à-dire d’enfants de chœur, car nulle femme ne fait partie de la musique de la chapelle Impériale, chantent avec une justesse parfaite : les basses-tailles sont fortes, graves et pures. Je ne me souviens pas d’en avoir entendu d’aussi belles ni d’aussi basses.

Pour un amateur de l’art, la musique de la chapelle Impériale vaut seule le voyage de Pétersbourg ; les piano, les forte, les nuances les plus fines de l’expression sont observées avec un profond sentiment, avec un art merveilleux et un ensemble admi-