Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/375

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’autre pour venir redresser les fautes d’étiquette de ses enfants ou de son clergé. Ceci m’a prouvé qu’en Russie la cour elle-même est en progrès. Son gendre n’était pas à la place convenable, il le faisait reculer ou avancer de deux pieds ; la grande-duchesse, les prêtres aussi, les grandes charges, tout semblait soumis à sa direction minutieuse quoique suprême ; j’aurais trouvé plus digne de laisser aller les choses comme elles pouvaient, et j’aurais voulu qu’une fois dans la chapelle, il ne pensât plus qu’à Dieu, laissant chaque homme s’acquitter de ses fonctions sans rectifier scrupuleusement jusqu’à la moindre faute de discipline religieuse ou de cérémonial de cour. Mais dans ce singulier pays l’absence de liberté se révèle partout ; on la retrouve même au pied des autels. Ici l’esprit de Pierre le Grand domine tous les esprits.

Pendant la messe du mariage grec, à un certain moment de la cérémonie, les deux époux boivent ensemble dans la même coupe. Plus tard, accompagné du prêtre officiant, ils font trois fois le tour de l’hôtel en se tenant par la main pour signifier l’union conjugale et pour marquer la fidélité avec laquelle ils doivent marcher toujours du même pas dans la vie. Tous ces actes sont d’autant plus imposants qu’ils rappellent des usages de la primitive Église.

Ces cérémonies accomplies, une couronne fut tenue pendant fort longtemps au-dessus de la tête de chacun