Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/368

Cette page a été validée par deux contributeurs.

par sa singularité : la vivacité, le nerf des chevaux russes, qui tous ont de la race, si tous n’ont de la beauté ; la dextérité des cochers, la richesse des habits, tout l’ensemble du spectacle annonce des splendeurs que nous ne connaissons plus : c’est encore une puissance que la cour de Russie ; la cour de tous les autres pays, même la plus brillante, n’est plus qu’un spectacle.

J’étais préoccupé de cette différence et d’une foule de réflexions que me suggérait la nouveauté des objets en présence desquels je me trouvais, lorsque ma voiture s’arrête sous un péristyle grandiose où l’on descend à couvert au milieu de mille bruits divers d’une foule dorée, toute composée de courtisans très raffinés dans leur air. Ceux-ci étaient accompagnés de leurs vasseaux très-sauvages en apparence comme en réalité ; le costume des valets est presque aussi éclatant que celui des maîtres.

En descendant de voiture à la hâte pour ne pas me séparer des personnes qui s’étaient chargées de moi, je m’aperçus à peine d’un coup assez violent que je me donnai à la jambe contre le marche-pied, où l’éperon de ma botte fut au moment de s’accrocher ; mais figurez-vous mon angoisse lorsqu’un instant après cet accident, en posant le pied sur la première marche du superbe escalier du palais d’hiver, je vis que je venais de perdre un de mes éperons, et, ce qui était bien