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livrée et par des soldats en uniformes de toutes couleurs. Les Cosaques sont les plus remarquables. Malgré l’affluence il n’y avait pas foule : tant l’espace est vaste !

Dans les États nouveaux il y a du vide partout, surtout quand leur gouvernement est absolu ; l’absence de liberté crée la solitude et répand la tristesse. Il n’y a de peuplés que les pays libres.

Il m’a paru que les équipages des personnes de la cour avaient bon air sans être véritablement soignés ni élégants. Les voitures, mal peintes, encore plus mal vernies, sont d’une forme peu légère et attelées de quatre chevaux ; les traits de ces attelages sont démesurément longs.

Un cocher conduit les chevaux du timon ; un petit postillon, vêtu en robe persane longue comme l’armiak[1] du cocher, est planté tout au bout de l’attelage, sur ou plutôt dans une selle creuse, épaisse, rembourrée et relevée par devant et par derrière comme un oreiller ; cet enfant nommé, je crois, d’après l’allemand, le vorreiter, et en russe, le faleiter, est toujours juché, remarquez bien ceci, sur le cheval de droite de la volée ; c’est le contraire de l’usage suivi dans tous les autres pays, où le postillon monte à gauche, afin d’avoir la main droite libre pour diriger le cheval de trait. Cette manière d’atteler m’a frappé

  1. Longue robe.