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de la tour de l’Amirauté. La flèche de ce minaret chrétien, haute aiguille métallique, est plus aiguë qu’aucun clocher gothique ; elle est dorée tout entière avec l’or des ducats qui furent envoyés en présent à l’Empereur Pierre Ier par les États-Unis de Hollande.

Cette chambre d’auberge, d’une malpropreté révoltante, et ce monument d’une magnificence fabuleuse, voilà Pétersbourg

Comme vous le voyez, les contrastes ne manquent pas dans cette ville où l’Europe se donne en spectacle à l’Asie et l’Asie à l’Europe.

Le peuple est beau ; les hommes de pure race slave, amenés de l’intérieur par les riches seigneurs qui les emploient à leur service, ou qui leur permettent d’exercer divers métiers dans Pétersbourg pendant un certain laps de temps, sont remarquables par leurs cheveux blonds et leur teint rosé, mais surtout par la perfection de leur profil qui rappelle les statues grecques ; leurs yeux taillés en amande ont la coupe asiatique avec la couleur du Nord ; ils sont ordinairement bleus de faïence, et ils ont une expression de douceur, de grâce et de fourberie particulière. Ce regard, toujours mobile, donne à l’iris des teintes chatoyantes et qui varient depuis le vert du serpent, le gris du chat jusqu’au noir de la gazelle, quoique le fond reste bleu[1] ; la bouche, ornée d’une

  1. Voyez la Lettre trente-deuxième.