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devant ces palais, des salles de spectacle à péristyles antiques, vous prouvent que vous n’êtes pas sorti de la ville.

Les Russes s’enorgueillissent à juste titre de ce jardin arraché à tant de frais au sol spongieux de Pétersbourg ; mais si la nature est vaincue, elle se souvient de sa défaite et ne se soumet qu’avec humeur ; les friches recommencent de l’autre côté de la haie du parc. Heureux les pays où la terre et le ciel luttent de profusion pour embellir le séjour de l’homme et pour lui rendre la vie facile et douce !

J’insisterais peu sur les désagréments de ce sol disgracié, je ne regretterais pas tant le soleil du Midi en voyageant dans le Nord, si les Russes affectaient moins de dédaigner ce qui manque à leur pays : leur parfait contentement s’étend jusqu’au climat, jusqu’à la terre ; naturellement portés aux fanfaronnades, ils sont fats même pour la nature, comme ils sont fiers de la société qu’ils ont fondée : ces prétentions m’empêchent de me résigner comme ce serait mon devoir, et comme c’était mon intention, à tous les inconvénients des contrées septentrionales.

Le delta renfermé entre la ville et l’une des embouchures de la Néva est aujourd’hui entièrement occupé par cette espèce de parc, et il est cependant compris dans l’enceinte de Pétersbourg : les villes russes renferment des pays. Ce district serait devenu un des