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Partout où j’ai posé le pied sur la terre, depuis Maroc jusqu’aux frontières de la Sibérie, j’ai senti couver le feu des guerres religieuses ; non plus peut-être, nous devons l’espérer, de la guerre à main armée, la moins décisive de toutes, mais de la guerre des idées… Dieu seul sait le secret des événements, mais tout homme qui observe et qui réfléchit peut prévoir quelques-unes des questions qui seront résolues par l’avenir : ces questions sont toutes religieuses. De l’attitude que la France saura prendre dans le monde comme puissance catholique dépend désormais son influence politique. À mesure que les esprits révolutionnaires s’éloignent d’elle, les cœurs catholiques s’en rapprochent. En ceci, la force des choses domine tellement les hommes, qu’un Roi, souverainement tolérant, et un ministre protestant sont devenus dans le monde entier les défenseurs les plus zélés du catholicisme, uniquement parce qu’ils sont Français[1].

Tels furent les constants objets de mes méditations et de ma sollicitude pendant le long pèlerinage dont on va lire le récit, récit varié comme la vie errante du voyageur, mais plus souvent encore monotone comme la nature du Nord ; triste comme le despo-

  1. Voyez vol. III, lettre vingt-huitième.