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Ce résultat m’est apparu depuis que je pense ; toutefois, les idées du siècle étaient si loin de mes idées, que je manquais non de foi, mais de hardiesse ; j’éprouvais l’impuissance de l’isolement ; je n’ai cessé cependant de protester de toutes mes forces en faveur de ma croyance. Mais aujourd’hui qu’elle est devenue populaire dans une partie de la chrétienté, aujourd’hui que les grands intérêts qui agitent le monde sont ceux qui m’ont toujours fait battre le cœur, aujourd’hui enfin que l’avenir, l’avenir prochain de l’Europe est gros du problème dont je n’ai cessé de chercher la solution dans mon obscurité, je reconnais que j’ai ma place en ce monde, je me sens appuyé, si ce n’est dans mon pays encore épris de cette philosophie de destruction, philosophie étroite, arriérée qui retient une grande partie de la France actuelle hors de la mêlée des grands intérêts humains : au moins dans l’Europe chrétienne. C’est cet appui qui m’a autorisé à définir plus nettement mes idées dans plusieurs parties de cet ouvrage, et à en tirer les dernières conséquences.

    l’exemple unique des vertus de l’apôtre, pratiquées sur le trône ; et ce qui lui rendra possible cet effort surnaturel, c’est le sentiment de sa dignité. Il sait qu’il est nécessaire à l’Église et que l’Église est nécessaire à l’accomplissement des vues de Dieu sur le genre humain ; cette conviction suffirait pour élever un homme ordinaire au-dessus de l’humanité.