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tianisme, non comme système de morale et de philosophie, mais comme religion… et ce point suffit à la force de mon argument. Du point de vue surnaturel : le triomphe du christianisme par la réunion de toutes les Églises dans l’Église mère, dans cette Église ébranlée, mais indestructible, et dont chaque siècle élargit les portes pour y faire rentrer tout ce qui en est sorti. Il faut que l’univers redevienne païen ou catholique : païen d’un paganisme plus ou moins raffiné, avec la nature pour temple, les sens pour ministres du culte, et la raison pour idole ; ou catholique avec des prêtres, dont un certain nombre au moins mette sincèrement en pratique, avant de le prêcher, le précepte de leur maître : « Mon royaume n’est pas de ce monde. »

Voilà le dilemme dont l’esprit humain ne sortira plus. Hors de là, il n’y a d’un côté que fourbe, de l’autre qu’illusion[1]

  1. La suprématie du pontife romain, présidant aux droits et aux décrets de l’Église, assure la perpétuité de la foi ; voilà pourquoi le vicaire de Jésus-Christ restera souverain temporel tant que les chrétiens n’auront pas trouvé un autre moyen de lui garantir l’indépendance. C’est à lui d’user des grandeurs sans en abuser ; devoir chrétien que les malheurs de l’Église ne lui ont que trop enseigné. Le faible et tout pacifique pouvoir que la politique a laissé au représentant de Dieu sur la terre, n’est plus aujourd’hui pour ce prêtre, de chef de tous les prêtres, qu’un moyen de donner au monde