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sa légèreté originelle et son apparence étrange ; quand vous enfourchez la planchette, vous croyez monter sur quelque bête apprivoisée ; si pourtant vous ne voulez pas cheminer à cheval, vous vous asseyez de côté en vous tenant au cocher qui vous mène toujours au grand galop.

Il y a une nouvelle espèce de droschki où le banc n’est plus en long, et dont la caisse a la forme d’un tilbury ; elle est posée sur quatre ressorts et portée par deux essieux et quatre roues, mais toujours rez terre[1]. C’est un acheminement vers les voitures des autres pays, cela sent la mode anglaise ; tant pis, car chez tous les peuples j’aime et je regrette ce qui est national.

La serre chaude, avec ses plantes d’autant plus souffrantes et d’autant plus étiolées qu’elles viennent de plus loin et qu’elles sont réputées plus précieuses, m’incommode d’abord et m’ennuie bientôt. J’aime mieux le désordre de la forêt indigène et dont les arbres puisent dans le sol natal, sous leur climat naturel, une vigueur inconnue ailleurs. Ce qui est national dans les sociétés équivaut à ce qui est sauvage dans les sites ; il y a là une grâce primitive, une force, une ingénuité que rien n’imite ni ne remplace.

Ces imperceptibles voitures sont rudement caho-

  1. Un droschki de cette espèce roule actuellement dans Paris, où il a été apporté par M. Horace Vernet.