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assez élevé et qui figure un arc de triomphe mouvant. Ce n’est point un collier, car le cou du cheval est loin du bois ; c’est plutôt un cerceau à travers lequel l’animal paraît s’avancer fièrement : cette manière d’atteler est sûre, elle est aussi d’un effet gracieux. Les diverses parties du harnais s’adaptent à ce bois d’une façon élégante et solide, une sonnette attachée au demi-cercle annonce l’approche du droschki. En voyant cet équipage, le plus bas des équipages et le plus petit, puisqu’il disparaît entièrement sous l’homme, glisser à terre et fuir entre deux files de maisons bien alignées, les plus basses des maisons, vous ne vous croyez plus en Europe. Vous ne savez à quel siècle, à quel monde appartient ce que vous avez devant les yeux, et vous vous demandez comment des hommes qui vous paraissaient ramper sur le pavé plutôt que diriger une voiture, ont pu disparaître au grand galop de leurs chevaux.

Le second cheval attelé hors la main est encore plus libre que le limonier ; il porte la tête en dehors, il a l’encolure toujours ployée à gauche et galope continuellement, même quand son camarade ne fait que trotter : on l’appelle le furieux.

Dans le principe, le droschki n’était qu’une planche de bois brute posée sans ressorts presqu’à terre entre quatre petites roues sur deux essieux : ce carrosse primitif a été perfectionné, mais il a conservé