Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/279

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dire qu’on soit bien chez lui. En Russie, les étrangers perdent bientôt toute trace de nationalité, sans toutefois s’assimiler jamais aux indigènes. Le secourable étranger me trouva même un guide qui parlait allemand et qui monta dans le drowsky, derrière moi, afin de répondre à toutes mes questions ; cet homme m’a nommé les monuments devant lesquels il nous fallut passer pendant le trajet de la douane à l’auberge, trajet qui ne laisse pas que d’être long, car les distances sont grandes à Pétersbourg.

La trop célèbre statue de Pierre le Grand attira d’abord mes regards ; elle m’a paru d’un effet singulièrement désagréable ; placée sur son rocher par Catherine, avec cette inscription assez orgueilleuse dans son apparente simplicité : « À Pierre Ier Catherine II. » Cette figure d’homme à cheval n’est ni antique ni moderne ; c’est un Romain du temps de Louis XV. Pour aider le cheval à se soutenir, on lui a mis aux jambes un énorme serpent : malheureuse idée ! qui ne sert qu’à trahir l’impuissance de l’artiste appelé de France à Pétersbourg pour élever ce monument vanté outre mesure, parce qu’il est en Russie.

Cette statue et la place sur laquelle elle se perd sont ce que j’ai vu de plus remarquable dans le trajet que j’ai fait de la douane à l’auberge.

Je me suis fait arrêter un instant devant les écha-