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feuille de poche, on a regardé dans l’intérieur des habits qu’il avait sur le corps : si l’on m’en fait autant, me disais-je, ils me trouveront bien suspect.

J’avais les poches pleines de lettres de recommandation qui m’avaient été données à Paris en partie par l’ambassadeur de Russie lui-même, et par d’autres personnes tout aussi connues, mais elles étaient cachetées : circonstance qui m’avait fait craindre de les laisser dans mon écritoire ; je fermais donc mon habit sur ma poitrine en voyant approcher les hommes de la police. Ils m’ont fait passer sans fouiller ma personne ; mais lorsqu’il a fallu déballer toutes mes malles devant les commis de la douane, ces nouveaux ennemis se sont livrés au travail le plus minutieux sur mes effets, surtout sur mes livres. Après avoir été soumis à un interminable examen, ceux-ci m’ont été confisqués en masse sans aucune exception, toujours avec une politesse extraordinaire ; mais on ne tint aucun compte de mes réclamations. On m’a pris deux paires de pistolets de voyage et une vieille pendule portative ; j’ai vainement tâché de comprendre et de me faire expliquer pourquoi cet objet était sujet à confiscation ; tout ce qui m’a été pris me sera rendu, à ce qu’on m’assura, mais non sans beaucoup d’ennuis et de pourparlers. Je répète donc avec les seigneurs russes, que la Russie est le pays des formalités inutiles.