Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/250

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de saint qu’il donne à l’enfant qu’il baptise. Où la famille, n’existe pas, à quoi sert de la désigner ?

Cette race est sans physionomie ; elle a le milieu du visage aplati ; ce qui rend ses traits difformes. Ces hommes laids, sales, sont, m’a-t-on dit, assez forts ; ils n’en paraissent pas moins chétifs, petits et pauvres. Quoiqu’ils soient les indigènes, on en voit peu, dit-on, à Pétersbourg ; ils habitent aux environs dans des campagnes marécageuses et sur des côtes granitiques, mais peu élevées ; ce n’est guère qu’aux jours de marché qu’ils viennent dans la ville.

Kronstadt est une île très-plate au milieu du golfe de Finlande : cette forteresse aquatique ne s’élève au-dessus de la mer que tout juste assez pour en défendre la navigation aux vaisseaux ennemis qui voudraient attaquer Pétersbourg. Ses cachots, ses fondations, sa force, sont en grande partie sous l’eau. L’artillerie dont elle est munie est disposée, disent les Russes, avec beaucoup d’art ; dans une décharge chaque coup porterait, et la mer tout entière serait labourée comme une terre émiettée par le soc et la herse : grâce à cette grêle de boulets qu’un ordre de l’Empereur peut faire pleuvoir à volonté sur l’ennemi, la place passe pour imprenable. J’ignore si ses canons peuvent fermer les deux passes du golfe ; les Russes qui pourraient m’instruire ne le voudraient pas. Pour répondre à cette question, il faudrait calculer la portée