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qu’ici le monde chrétien a été plus occupé du côté mystique de la religion que de son côté politique : une nouvelle ère commence pour le christianisme ; peut-être nos neveux verront-ils l’Évangile servir de base à l’ordre public.

Mais il y aurait impiété à croire que ce fût là le but suprême du divin législateur : ce n’est que son moyen…

La lumière surnaturelle ne peut être acquise au genre humain que par l’union des âmes en dehors et au-dessus de tous les gouvernements temporels : société spirituelle, société sans limites : tel est l’espoir, tel est l’avenir du monde.

J’entends dire que ce but sera désormais atteint sans le secours de notre religion ; que le christianisme, bâti sur un fondement ruineux, le péché originel, a fait son temps ; et que, pour accomplir sa véritable vocation, méconnue jusqu’à ce jour, l’homme n’a besoin que d’obéir aux lois de la nature.

Les ambitieux d’un ordre supérieur qui réchauffent ces vieilles doctrines par leur éloquence, toujours nouvelle, sont forcés d’ajouter, pour être conséquents, que le bien et le mal n’existent que dans la pensée humaine, et que l’homme qui créa ces fantômes est libre de les anéantir.