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leurs compagnons furent la souche de la noblesse la plus ancienne du pays. Les princes Varègues, espèce de demi-dieux, ont policé cette nation alors nomade. Dans le même temps, les empereurs et les patriarches de Constantinople lui donnaient le goût de leurs arts et de leur luxe. Telle fut, si vous me passez l’expression, la première couche de civilisation qui s’est abîmée sous les pieds des Tatars, lors de l’arrivée de ces nouveaux conquérants en Russie.

« De grandes figures de saints et de saintes qui sont les législateurs des peuples chrétiens, brillent dans les temps fabuleux de la Russie. Des princes puissants par leurs féroces vertus ennoblirent la première époque des annales slaves. Leur mémoire traverse cette profonde obscurité comme des étoiles percent les nuages pendant une nuit orageuse. Or, le seul son de ces noms bizarres réveille l’imagination et fait appel à la curiosité. Rurick, Oleg, la reine Olga, saint Wladimir, Swiatopolk, Manomaque, sont des personnages dont le caractère ne ressemble pas plus que le nom à celui de nos grands hommes de l’Occident.

« Ils n’ont rien de chevaleresque, ce sont des rois bibliques : la nation qu’ils ont rendue glorieuse est restée voisine de l’Asie ; ignorant nos idées romantiques, elle a conservé ses mœurs patriarcales.

« Les Russes n’ont point été formés à cette brillante école de la bonne foi dont l’Europe chevale-