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Enfin, je me décide à jouer, à croix ou pile, une vie que je ne sais plus diriger, et comme on met sa bourse sur une carte, j’appelle mon domestique, bien déterminé à faire ce qu’il décidera. Je lui demande conseil.

« Il faut continuer, répond-il, nous sommes si près.

— D’ordinaire vous craignez la mer !

— Je la crains encore ; mais, à la place de monsieur, je ne voudrais pas reculer après avoir fait charger ma voiture sur le vaisseau.

— Pourquoi craignez-vous de reculer, et ne craignez-vous pas de me rendre sérieusement malade ? » Point de réponse.

« Dites-moi donc pourquoi vous voulez continuer ?

— Parce que !!!

— À la bonne heure !!!… Eh bien ! d’après cela, partons.

— Mais si vous devenez plus malade, reprend cet excellent homme, qui commence à s’effrayer de la responsabilité qui va peser sur lui, je me reprocherai votre imprudence.

— Si je suis malade, vous me soignerez.

— Cela ne vous guérira pas.

— N’importe !!! nous allons partir. »

L’éloquence de mon domestique ne ressemblait pas mal à celle d’une femme de chambre dont parle Grimm. Une autre femme de chambre mourante était rebelle à