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et de craindre, qui est le fondement de toute piété, et dont l’abus même classe l’homme au-dessus de tous les autres êtres de la création.

Après s’être fait rendre un compte détaillé de l’événement, l’Empereur cassa le capitaine, qui était Russe : ce malheureux fut remplacé par un Hollandais ; mais celui-ci, dit-on, manque d’autorité sur son équipage. Les étrangers ne prêtent guère à la Russie que les hommes dont ils ne veulent pas chez eux. Je saurai demain à quoi m’en tenir sur la valeur de celui-ci. Personne ne juge un commandant plus vite qu’un ma telot et qu’un voyageur. L’amour de la vie, cet amour si passionnément raisonné, est un guide sûr pour apprécier tout homme de qui dépend notre existence. Tel qu’il est reconstruit, notre beau vaisseau prend tant d’eau qu’il ne peut remonter jusqu’à Pétersbourg ; nous changerons de bâtiment à Kronstadt, puis deux jours plus tard les voitures nous seront envoyées sur un troisième vaisseau à fond plat. Voilà bien de l’ennui, mais la curiosité triomphe de tout ; c’est le premier des devoirs pour un voyageur.

Le Mecklembourg est en progrès ; une route magnifique conduit de Ludwigslust à Schwerin, où le grand-duc actuel a eu le bon esprit de reporter sa résidence. Schwerin est vieux et pittoresque ; un lac, des coteaux, des bois, un palais antique, embellissent le paysage, et la ville a des souvenirs ; elle a de plus un air ancien,