Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pression d’une étendue sans bornes ; c’est l’idée de l’infini qui épouvante l’homme arrêté au bord du grand Océan.

Le tintement de la clochette des troupeaux se confond sur le port de Travemünde avec le glas de la cloche des bateaux à vapeur. Cette apparition momentanée de l’industrie moderne au milieu d’une contrée où la vie pastorale est encore celle d’une grande partie de la population, me paraît poétique sans être étourdissante. Ce lieu inspire un repos salutaire, c’est un refuge contre les envahissements du siècle, et pourtant c’est une plaine ouverte, douce à voir, facile à parcourir ; mais on s’y sent dans la solitude, comme si l’on était au milieu d’une île. Sous ces latitudes, le repos est inévitable, l’esprit sommeille, et le temps ploie ses ailes.

Les populations du Holstein et du Mecklembourg ont une beauté calme qui s’accorde avec l’aspect doux et paisible de leur pays, et avec le froid du climat. Le rose des visages, l’égalité du terrain, la monotonie des habitudes, l’uniformité des paysages, tout est en harmonie.

Les fatigues de la pêche pendant l’hiver, quand les hommes vont chercher la mer libre à travers une bordure de trois lieues de glaçons, coupés de crevasses et périlleux à franchir, donnent seules une sorte de mouvement poétique à une vie d’ailleurs