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lui-même. L’absence de toutes traces humaines, le silence des champs de glace, les couleurs dont le soleil à son lever revêt les rocs et les glaciers, l’impuissance où je me sentais de gravir les dernières pointes des Alpes qui semblaient me fuir dans le ciel, d’autant plus élevées, que je m’élevais davantage, le calme dédaigneux de cette nature insensible aux vaines agitations de mon cœur, tout me jetait dans un trouble approchant de la frénésie. Je ne souffrais pas, mais je ne vivais plus, et mes idées ressemblaient à tout, hors aux pensées d’un être organisé comme l’homme. Mon âme, toujours plus exaltée, s’était, pour ainsi dire, identifiée avec l’esprit des montagnes ; je me sentais métamorphosé