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cette tristesse est devenue l’aliment et le poison de ma vie. J’ai éprouvé les terribles effets des passions : j’ai ressenti des douleurs aiguës ; mais rien ne m’a laissé un souvenir plus pénible que cette enfance solitaire, dont les besoins ignorés de ceux qui m’entouraient, comme de moi-même, n’ont produit que des regrets amers. Plus les années m’apportaient d’ardeur et d’énergie, plus mon cœur appelait l’amitié, la seule passion qui soit à la portée de la première jeunesse ! J’aurais donné tout l’orgueil de la naissance, tout l’espoir de la fortune, tous les biens, tous les plaisirs que je connaissais, et tous ceux que je me figurais, pour un ami, pour un frère, avec qui j’aurais pu partager