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mourir l’objet de ses plus chères affections, une femme qu’il avait adorée. Ce chagrin, dont il croyait que rien ne peut consoler, l’avait détaché du monde et entraîné dans un pays lointain : mais un voyage sans but était sans intérêt. Il errait dans les solitudes des Alpes sans les voir, sans entendre le sublime langage que parle une nature toujours primitive, puisque l’homme et la civilisation n’y peuvent rien changer. Il s’étonnait lui-même de son indifférence, en contemplant des scènes si nouvelles, et il croyait avoir perdu pour toujours la faculté de sentir. Toutes les sources d’émotion : l’admiration, l’amour, la crainte, lui paraissaient taries au fond de son cœur, à qui rien ne répondait, parce