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L’ŒUVRE DE RICHARD WAGNER AU CONCERT

poésie dans les premières scènes du troisième acte de Tannhaeuser : romance de l’Étoile et prière d’Élisabeth. La mémoire en doit être conservée, ne fût-ce que pour remarquer, — avec un regret dont on ne peut se défendre, — que, sans la guerre de 1870, ces chefs-d’œuvre, auraient pu dès lors nous être offerts avec de tels interprètes !… La même année, la Société des Concerts du Conservatoire faisait entendre le chœur des pèlerins, de ce même Tannhaeuser.

Lorsque, quelques années après cette date fatale, Pasdeloup reprit les pages d’orchestre de son précédent répertoire, il y joignit un jour la prière de Rienzi, avec Bosquin, et le récit de Lohengrin, avec Vergnet, lequel était encore au Conservatoire (1871). Mais ce qui compte surtout, pendant cette période, c’est l’audace qu’il eut, en 1879, d’exécuter en entier le premier acte de Lohengrin, avec le ténor Prunet, les barytons Auguez, Seguin, Piccaluga, et Mlle  Juliette Rey.

La saison de 1881, je l’ai dit, fait preuve d’une émulation, qui est désormais générale. Les trois concerts populaires rivalisent d’auditions sensationnelles. Abandonnons donc leur succession rigoureuse pour les grouper, jusqu’à la fin de ce cycle de trente-trois ans, selon les œuvres elles-mêmes.

On pourrait croire inutile de faire entrer Rienzi en ligne de compte. Il n’a pourtant jamais été abandonné, et non seulement pour la prière du héros du drame, dont le ténor Bosquin s’était fait comme une spécialité (1874-1883), et que chantèrent plus tard Vergnet (1890 et 1898), Van Dyck (1894), Cazeneuve (1899)…, mais pour l’air d’Adriano, que Mme  Materna mettait sur son programme chaque fois qu’elle venait à Paris (1889,