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L’ŒUVRE DE RICHARD WAGNER À PARIS.

espions qu’hébergeait notre courtoisie trouvaient spirituel de souligner à leur façon, c’est-à-dire avec le manque de tact de leur race, la supériorité du génie de Wagner, que nous importe ? Une « victoire allemande » parce qu’on jouait du Wagner ?

… Lorsque Samson et Dalila (créé sur la scène de Weimar, en 1877, grâce à Liszt) a été solennellement représenté à l’Opéra de Berlin, en 1913, et officiellement acclamé sous la propre direction de M. Camille Saint-Saëns, quelqu’un s’est-il donné le ridicule de parler de « victoire française » ?

Revenons à nos concerts et aux exécutions fragmentaires des drames wagnériens.

Avant cette date de 1881, que nous marquions tout à l’heure comme celle de l’essor définitif de grandes pages de Wagner dans les concerts, les seuls fragments lyriques avaient été empruntés à Tannhaeuser. Un souvenir spécial doit s’attacher à la soirée que le ténor Roger avait tenu à organiser à l’Opéra-comique, le 17 septembre 1861, avant une série de représentations régulières qui fut la dernière de sa belle carrière. Il y chanta le grand récit du pèlerinage à Rome, avec un art d’autant plus méritoire qu’il resta plus incompris et le baryton Troy la romance de l’Étoile. L’ouverture avait été exécutée d’abord. Pasdeloup, de son côté, n’avait pas tardé à songer à Lohengrin. À ses concerts, Victor Capoul, en 1867, avait chanté le récit du Graal, de Lohengrin, et surtout, le Vendredi Saint de 1868, Faure et Christine Nilsson avaient évoqué d’inoubliables impressions de grandeur et de