Page:Curzon - L’Œuvre de Richard Wagner à Paris et ses interprètes, Sénart.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
L’ŒUVRE DE RICHARD WAGNER À PARIS.

donné de révéler le premier au public parisien cette incarnation hors de pair. Paul Franz a eu l’honneur, et d’ailleurs très mérité, de la plupart des représentations : il y a fait preuve, avec sa riche et chaleureuse voix coutumière, d’un sentiment grave, sincère, soucieux de vérité. Mais Van Dyck a pu reparaître, pour plusieurs soirées, tout à fait à la fin de la saison, et « avec une telle conviction, un tel feu, un tel accent, une si admirable compréhension, qu’on en reste tout ému », — déclarait M. Adolphe Jullien, en ajoutant : « Quelle leçon ! »

Et vraiment, il y avait quelque chose de touchant à voir, l’un près de l’autre, ces deux grands artistes, ces deux amis, Van Dyck et Delmas, conclure le cycle wagnérien sur cette même scène où ils l’avaient ouvert ensemble, vingt-trois ans auparavant

Lucienne Bréval était presque de la première heure aussi. Le double personnage de Kundry, somptueuse et ensorcelante, humble et dévouée, devait la tenter particulièrement : aussi y montra-t-elle, avec sa beauté naturelle, un style très noble, un souci constant d’expression et de vérité. Marcelle Demougeot, qui alternait avec elle, fut ce qu’elle est toujours, pleine de vaillance et d’une sûreté vocale impeccable, musicienne enfin. Le personnage d’Amfortas fit le plus grand honneur à Lestelly, voix expressive et souple, jeu dramatique avec sobriété et goût ; celui de Klingsor ne servit pas moins le robuste organe de Journet et son excellente articulation. Cette qualité est aussi coutumière chez André Gresse, qui s’était chargé de la voix lointaine de Titurel. La scène des Filles-fleurs, si difficile, fut rendue de la façon la plus satisfaisante, surtout comme qualités sonores : on y enten-