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PARSIFAL.

mieux que la plupart des autres scènes, c’est incontestable. En dehors de quelques détails des cérémonies du Temple, et de la disposition imparfaite des chœurs invisibles, c’est surtout sur les coupures que des reproches ont été justifiés. Toujours les raisons d’usage. On avait donné une première série de représentations intégrales ; après quoi, il a fallu condenser. Encore aurait-on pu mettre moins de tâtonnements et plus de discrétion à cette opération.

Intégrale ou non, l’œuvre a été jouée ainsi jusqu’au mois de juillet de cette année, atteignant, en moins de sept mois, un total de 34 représentations.

Nous avons eu plaisir à retrouver, en tête des interprètes, un wagnériste de la première heure : Jean Delmas. Son Gurnemanz a été d’une grande beauté musicale. Le timbre velouté de sa voix avait des demi-teintes pénétrantes, des caresses comme naïves, et son attitude, ses récits, empreints de foi et de simplicité, montraient assez avec quelle ferveur il vivait son personnage. Cette conviction, cette foi, artistiquement indispensable à tous les héros de Wagner, sont plus nécessaires encore à l’évocation d’un « mystère » comme Parsifal. Elles ont été pour beaucoup dans l’enthousiasme sans précédent qui accueillit jadis à Bayreuth (en 1888 et jusqu’en 1912) Ernest Van Dyck, — un étranger pourtant ! — le Parsifal idéal, le Parsifal croyant et inspiré, qui n’a jamais pu, sans une indicible émotion, un religieux respect, revêtir l’armure du chevalier baptiste, brandir la lance sainte, élever le Graal vivifiant[1] — Il ne lui a pas été

  1. Il faut lire les souvenirs et les impressions qu’il a consignés dans la revue S. I. M. en 1913.