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L’ANNEAU DU NIBELUNG.

représentations, on doit une mention particulière au ténor Verdier, d’une grande variété d’expression, avec beaucoup de liberté, d’adresse, dans Siegfried, à André Gresse, solidement farouche dans Hagen, à Roselly, qui fut le meilleur Gunther. Quant au personnage de Brunnhilde, il a bénéficié d’au moins trois évocations aussi intéressantes que diverses : Félia Litvinne a épanoui de nouveau la vivante ampleur de sa voix, l’ardeur de sa conviction. Marcelle Demougeot a déployé une vaillance infatigable, et c’est peut-être le rôle qui a été le plus à son avantage, qui lui a fait le plus d’honneur ; Lucienne Bréval a donné au personnage ce grand caractère, cette beauté souveraine qui déjà avaient tellement exalté ici la Valkyrie encore déesse.

Tous ces interprètes concoururent, tantôt dans un rôle, tantôt dans un autre, à l’attrait des représentations cycliques de l’Anneau du Nibelung, dont la direction de l’Opéra tint à honneur de donner un aperçu en 1911, 1912 et 1913. On n’adressera à celle-ci qu’un reproche, dans la réalisation de ce beau dessein : c’est qu’elle ait cru devoir convier à les diriger des Kapellmeister allemands. Certes, nous avions plus d’une fois applaudi Weingartner et Nikisch, mais dans des concerts indépendants et dont ils étaient en quelque sorte responsables. Notre première scène nationale n’avait aucune raison de faire appel à d’autres musiciens que ceux mêmes qui lui appartiennent. En s’effaçant ainsi, M. Messager semblait jeter un discrédit sur sa propre direction et sur celle de M. Henri Rabaud qui le suppléait