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L’ŒUVRE DE RICHARD WAGNER À PARIS

possèdent fort peu de ténors. Son succès fut très grand et très mérité, à plusieurs reprises. On citera aussi, au moins pour sa belle voix. Alvarez, qui, lui, avait un très beau registre grave, puis, pour leurs efforts méritoires et dramatiquement intéressants : Lafarge, Godard, Swolfs, Franz, Verdier…

Brunnhilde a également varié, très souvent, d’interprète. Nulle ne fut plus impressionnante que Félia Litvinne. Avec elle et Van Dyck, la scène du second acte était incomparable. Au dernier acte, moins vibrante que Lucienne Bréval, mais plus touchante, elle joignait à la pureté exquise de sa voix des attitudes et une émotion concentrée qui étaient des plus impressionnantes. D’autres encore, telles Mlles Demougeot et Grandjean méritent qu’on se souvienne de leur belle vaillance, de leur style vigoureux.

Il y a eu des Sieglinde de goût et de style : Mlle Hatto par exemple, dont le sentiment était sincère et très pur, la ligne harmonieuse, et Mme Paquot d’Asie, dont la voix, sonore avec charme, ne laissait pas tomber une syllabe. Fricka n’a probablement pas été plus heureusement évoquée que par Mme Héglon, dès le début. Quand on a dit de ce personnage qu’il est insupportable et que son rôle est sacrifié, on croit avoir tout dit… C’est que jamais on ne s’aperçoit qu’il doit s’imposer au premier plan, et avec une majesté, une noblesse, une autorité qui fassent comprendre sa victoire sur Wotan et pourquoi celui-ci s’incline et se dément. Dans Wotan, Delmas n’a été qu’accidentellement remplacé. Mais Hunding a eu plus d’un titulaire intéressant : Dubulle, Nivette, d’Assy, Gresse fils…

Colonne ne dirigea que les 18 premières représentations. Taffanel lui succéda, avec cette conscience, ce souci musical