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LES MAÎTRES CHANTEURS.

grand seulement pour ce gentil apprenti ; Pogner, l’excellent Gresse (père), affectueux et digne ; Éva, Lucienne Bréval, gracieuse au possible, fine et délicate, dans les charmantes scènes chez Sachs notamment : Magdalena, Louise Grandjean, accorte et spirituelle.

Et puis, ne faut-il pas insister sur l’étonnante animation des choristes, des figurants, des moindres comparses, soit dans le prodigieux méli-mélo nocturne du second acte, interpellation de femmes aux fenêtres, prises de mains des hommes dans la rue, provoqués par le charivari de Beckmesser, et que dissipe comme par enchantement la corne du veilleur, soit au troisième, où tout un peuple semble vivre en scène ? Ne faut-il pas dire aussi que l’orchestre, dirigé par Taffanel, était un régal à entendre, de nuance et de couleur ?

À part deux intervalles, les Maîtres Chanteurs ont été joués presque chaque année, à l’Opéra. Aussi, plusieurs artistes ont-ils tenu les principaux rôles, celui de Sachs excepté. Il n’est que juste de rappeler combien, dans Walter, Vaguet a montré à son tour d’élégance et de charme, avec une voix peut être un peu petite pour le rôle, mais à laquelle convenait spécialement la tessiture élevée dans laquelle celui-ci a été écrit…, et de noter l’ample et somptueuse allure que sut donner Franz, pour la reprise de 1911, à un personnage qui, de toutes façons, lui allait si bien et restera probablement le meilleur de ses héros wagnériens. Beckmesser a été encore évoqué, avec mordant, par Riddez, et, en dernier lieu, avec goût et adresse, par Sizes. David a donné l’occasion d’un excellent début à Léon Lafitte, qui sortait tout juste du Conservatoire et s’y montra comédien-chanteur