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V

les maîtres chanteurs (1868)

C’est le quatrième ouvrage choisi par la direction de l’Opéra, et peut-être celui qui lui fit plus d’honneur. Par les qualités vocales de ses interprètes, la représentation dépassait en beauté tout ce qu’on avait entendu à l’étranger : par la vie surprenante de ses chœurs et de sa figuration, nettement supérieure à ce dont ils avaient fait preuve jusqu’alors, elle se montrait digne des plus parfaites. C’était, en même temps, la première fois qu’on adoptait, sur notre scène, la nouvelle version, si scrupuleusement rythmique, d’Alfred Ernst. Celui-ci, qui avait suivi de près les répétitions, avait positivement communiqué son enthousiasme à tous les interprètes. Rarement se vit ici pareille exaltation de zèle et d’effort. Quand chacun fait vraiment de son mieux, on obtient de ces résultats, qui devraient être une règle générale.

Pas un artiste, cette fois, qui ne fût le mieux choisi pour son rôle, et ne le mît le plus complètement en valeur. Alvarez figurait le plus beau Walter imaginable, avec un jeu large et une voix exquise, d’un timbre tout à fait séduisant : c’est de beaucoup la meilleure évocation wagnérienne que compte sa carrière.