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et, dans sa figure, si blanche tout à l’heure, une rougeur soudaine était montée. Il vit l’effroi s’éteindre dans ses yeux et leurs prunelles s’allumer, éblouissantes d’émotion. Dehors on entendait Bram et ses loups. Elle se tourna vers la fenêtre. Puis elle commença à parler, rapidement et ardemment, dans une langue qui parut à Philip aussi énigmatique que le mystère de sa présence dans la cabane de Bram.

Elle n’ignorait pas qu’il ne pouvait comprendre ce qu’elle lui disait et, brusquement, elle vint tout près de lui, lui posa un doigt sur les lèvres, puis le mit sur les siennes, en hochant la tête. Philip sentit, à travers la pression du doigt, le frémissement qui l’agitait. Tout s’éclairait. Elle lui faisait comprendre que tous deux auraient eu beaucoup de choses à se dire, mais qu’ils ne pouvaient le faire, car ils ne parlaient pas le même langage. Il en demeura stupide et se prit à la regarder fixement, comme un imbécile.

À ce moment, on entendit près de la porte les pieds lourds de Bram. Immédiatement, les yeux de la jeune fille s’assombrirent à nouveau et, rapide, sa chevelure flottant autour d’elle, comme un nuage d’or, elle s’élança vers la pièce voisine, d’où elle était venue apparaître à Philip.

Elle y avait disparu lorsque la porte s’ouvrit, et Bram entra. À ses talons, Philip entrevit, de l’autre côté du seuil, une partie des loups qui