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assassiné, une malédiction était sur lui. Il était, de par la Loi, au ban de l’humanité !

Le rire était tombé et Bram avait repris sa lourde face impassible. D’un geste, il indiqua à Philip qu’il devait monter sur le traîneau, tandis que lui-même prenait la tête de l’attelage. Le fouet claqua, Bram parla aux loups en langage esquimau, les loups tirèrent sur leurs traits, et l’on repartit.

L’homme-loup, tête et épaules basses, ouvrait la marche sur ses raquettes, en de formidables enjambées, qui maintenaient au trot l’attelage qui suivait. L’allure moyenne devait être de huit milles à l’heure. Philip, sur le traîneau, ne pouvait détacher ses yeux des larges épaules de Bram et du dos gris des loups. En voyant peiner de compagnie cet homme et ces bêtes, dans un fraternel effort, à travers un monde de silence et de néant, il se sentait pris de compassion pour ces parias de la vie. Une oppressante pitié l’envahissait.

Puis ses yeux retombèrent sur le traîneau et il inspecta avec intérêt le chargement. Des peaux d’ours y étaient roulées. C’étaient les couvertures de Bram. L’une d’elles, avec sa blanche fourrure, provenait d’un ours polaire. À côté des peaux était le train de derrière du caribou. À portée de sa main, étaient allongés un gourdin et un fusil. Le fusil était d’un vieux modèle, à un seul