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de ses grands doigts, puis la rangeait quelque part, sous son vêtement. Mais, redevenant tout à coup conscient de la présence de Philip, il ramassa le revolver et, avec un grognement, qui était l’écho de ses réflexions intimes, il le jeta au loin sur la plaine blanche. Et les loups, instantanément, coururent dessus, dans un élan effréné. Le couteau suivit la même route que le revolver. Lorsque ce fut le tour du fusil, le géant l’appuya sur son genou et, aussi froidement qu’il eût rompu un morceau de bois à brûler, d’un simple effort, il le brisa, près du canon.

« Le diable l’emporte ! » maugréa Philip.

Une vague de colère monta en lui et, pendant un instant, il fut sur le point de s’élancer sur Bram, pour défendre son bien. Mais si, tout à l’heure, il s’était déjà senti impuissant, combien plus encore l’était-il maintenant ! Une autre idée se fit jour, presque aussitôt, dans son esprit. Si Bram détruisait ces armes, c’est qu’il avait dessein d’épargner sa vie, pour le moment tout au moins. En agissant ainsi son but était de le mettre hors d’état de nuire.

L’inutilité de tout discours tenait ses lèvres closes. Bram, l’avant regardé, lui montra du doigt ses raquettes. C’était une muette invitation à les chausser. Les loups étaient revenus, furtifs et alertes. Un claquement de fouet retentit et, Bram ayant levé son bras vers le Nord, en fai-