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releva, il était debout devant lui, hors de la hutte, solidement planté sur ses pieds.

« Bonjour, Bram ! » dit-il.

Un chœur de hurlements sauvages répondit à son bonjour. Il tenta cependant de dissimuler à Bram son émotion, quoique tous ses nerfs lui parussent autant de pointes d’épingles qui le lardaient de leurs piqûres. De la gorge de Bram jaillit un mot aigu, emprunté au langage esquimau, et le long fouet claqua à nouveau sur les gueules baveuses.

Bram ne lâchait pas des yeux son prisonnier. Philip vit le regard gris assombrir son expression et un feu brûlant s’y allumer. Les lèvres épaisses se pincèrent étroitement, le nez plat s’aplatit encore et l’énorme main nue, qui tenait le gourdin, gonfla et tendit ses veines, comme autant de cordes de boyaux. Bram était prêt à frapper et à tuer.

Un geste maladroit, intempestif et Philip savait la fin inéluctable.

De sa voix épaisse et gutturale, et dans le patois de métis qu’il employait, Bram interrogea :

« Pourquoi vous, avant-hier, tirer sur moi ?

— Parce que je voulais causer avec toi, Bram, répondit Philip avec calme. Je n’ai pas tiré pour t’atteindre. J’ai visé au-dessus de la tête.

— Vous vouliez causer ? répondit Bram, et