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dans le dos. Tandis qu’il rampait vers la sortie, sur ses genoux et sur ses mains, dans l’étroit tunnel de neige, il se demanda si, au lieu d’offrir son salut à Bram, trois fois meurtrier, il n’aurait pas mieux fait de lui envoyer d’abord un peu de plomb dans l’aile. Si Bram Johnson lâchait ses loups, il serait là comme un rat pris dans une trappe. Quel sport pour la bande et pour Bram lui-même ! Quand il aurait descendu deux ou trois bêtes, ce serait tout. Les autres s’abattraient sur lui et il en serait littéralement submergé. Pour la seconde fois il venait d’agir comme un fou, de subir la fascination diabolique du hors-la-loi.

Lorsqu’il fut à l’entrée du boyau, il s’arrêta, toujours accroupi, son revolver au poing. Il ne vit rien devant lui, par l’étroite ouverture, que la neige du sol et la marque des pas de Bram qui, à côté des siens, s’y étaient imprimés. Il entendait seulement les loups qui grognaient.

La voix de Bram se fit entendre.

« M’sieu ! le revolver — le couteau — ou je vous tue. Les loups avoir grand-faim. »

Il ne voyait pas Bram, qui se tenait en dehors de son rayon visuel. La voix n’était ni forte ni menaçante. Mais on sentait en elle une volonté froide et calme, et qu’il en serait comme elle disait.

Toute lutte aurait été insensée. Avec ses féro-